Les
violences faites aux femmes. Comment ? Pourquoi ? Par qui ?
Les violences dans le monde sont multiples et concernent toutes les classes sociales et les continents.
Dans les violences faites
aux femmes au quotidien dans nos pays occidentaux, il y a quasi systématiquement un problème de domination. L’homme a la
connaissance totale que, par sa force ou sa ruse, il peut imposer une violence
physique (et/ou verbale). Toutes cette journée du 25 novembre, des associations vont œuvrer pour informer et aider dans la lutte pour stopper ces horreurs.
Je vais vous parler ici de la violence nommée excision, ce jour sur ce blog.
L'EXCISION c’est une violence physique et morale insidieuse….car dite culturelle donc attendue pour une partie de
cette population féminine comme un passage normal, souhaité et nécessaire.
Je vais parler
principalement des Maasaï mais il m’arrivera de faire des comparaisons avec
d’autres pays, car naturellement mes recherches en la matière ne se sont pas
arrêtées au Kenya.
Pour ce peuple premier « Les
Maasaï » il s’agit d’une croyance ancestrale (disent-ils), comme quoi la femme serait plus
« pure » sans ce morceau de chair qu’est le clitoris et qu’il faut
donc supprimer.
Explication simpliste
s’il en faut, surtout quand il l’associe à un rite de passage d’âge et avant
mariage.
En fait l’excision a été
pratiquée dans des temps très anciens, des momies en Egypte ayant été
découvertes excisées et mutilées avec les petites et grandes lèvres coupées, les
chairs cousues (infibulation), il est certain que cette pratique ancestrale tenait
plus à la volonté des hommes qui partaient pour de longues conquêtes et ainsi
empêchaient les femmes d’avoir des relations durant leur absence, qu’à une idée de purification…..
Le sujet sensible que
j’aborde ici et qui ne concerne pas seulement les Maasaï du Kenya ou de
Tanzanie car c’est une pratique effective et encore actuelle dans nombreux pays
tant en Afrique qu’en Indonésie et même en Amérique du sud. Tant de pays où la
proportion de femmes ayant subi une mutilation génitale varie entre 40 et 90%. L’âge
où est pratiquée cette mutilation varie aussi selon les pays ainsi que le type
d’acte.
Il existe trois stades
différents de mutilations derrière le terme FGM (excision), allant de la
coupure du clitoris (1), plus celle des petites lèvres (2) plus aussi les
grandes lèvres (3) = infibulatio. Là cela tient réellement de la « monstruosité »
si l’on regarde ces actes avec nos yeux d’occidentaux. (sans anesthésie ni asepsie, dans un fond de
cabane)
Certains groupes (ONG et
associations diverses) les nomment mutilations sexuelles, d’autres mutilations
génitales. J’ai opté dès le début de mes recherches pour mutilations génitales.
Sur l’utilisation du
terme mutilation sexuelle, je ne dis pas qu’il est faux, mais je n’adhère pas
totalement à ce qui se dit sur le sujet. Je conçois que la notion de plaisir
puisse être abordée, mais lorsque l’on sait que le clitoris est bien plus
profond dans le corps (environ 10 cm pouvant recevoir une stimulation) et que
ce n’est que le capuchon clitoridien qui peut être coupé (terme CUT employé par
les Maasaï entre autres), il semble se dire que la sexualité puisse exister
dans le cas d’une l’excision stade 1.
C’est évidement bien différent
dans le cas de l’ablation totale des petites et grandes lèvres qui là amène un
autre véritable traumatisme physique et psychique. (Infibulation – 2 et 3)
Pour ma part et compte
tenu de tout ce que j’ai pu lire sur ce sujet je choisis le terme mutilations
génitales, au vu surtout des conséquences physiques lors des naissances, comme
les fuites urinaires qui s’en suivent.
Les chairs qui ont été
coupées, « recousues » souvent par des épines d’acacias (comme c’est
reconnu en Somalie) naturellement de manière non médicale, deviennent ensuite
de vilaines cicatrices avec adhérences et dureté qui ne permettent plus
l’élasticité nécessaire lors des accouchements. Lorsque le bébé est expulsé du
ventre de cette jeune femme excisée, il appuie sur les tissus et cela peut
déchirer le sphincter urétro-vésical d’où une incontinence continuelle.
Beaucoup de ces femmes seront alors rejetées pour leur odeur….alors que la
cause en est l’excision.
J'avoue qu'il ne m’a pas été
possible de connaître réellement les types d’excisions pratiquées en pays
Maasaï, c’est l’omerta totale sur ce sujet TABOU.
Je reviens sur le nom
attribué à ces mutilations sexuelles ou génitales.
Plus la sexualité sera
mise en avant moins les familles d’Afrique (car je connais tant le Sénégal que
le Kenya mais aussi le Mali par les partenaires avec qui j’ai œuvré sur ce
sujet) donc la sexualité mise en avant cela ne réduira pas de manière tangible
les excisions. Ce sujet ne leur fera pas assez prendre conscience de la gravité
de ces mutilations, car ils n’attribuent pas la même valeur en terme de sensibilité
que les occidentaux, à leur sexualité.
Mais si vous leur
expliquez la problématique santé avec les risques de morts tant chez la jeune
excisée que sur la jeune maman ( 13 – 14 ou 15 ans) et sur les suites
d’incontinence à vie, là ils pourraient réagir.
Qui mettre derrière ce
ILS direz-vous ?
En effet quand on sait
que ce sont les femmes qui pratiquent ces tortures mutilantes, il n’y a que la
mort qui puisse les inquiéter. Pas la
prison, pas les indemnités énormes à verser tant pour l’exciseuse inculpée ou
les parents, seule l’idée de faire mourir leurs filles…..pourrait les arrêter
….
Le font-elles sous la
pression des hommes ? Non pas réellement, mais poussées par un inconscient
collectif qui transporte ces croyances d’une génération à l’autre. L’homme ne
voudra pas d’une femme non excisée…
D’autant plus chez les
femmes illettrées (il y en beaucoup cela n’a rien de péjoratif et dégradant de
le dire) qui elles, ont très bien
survécu à cette mutilation. Elles ne connaissent rien d’autres…..
NON
elles ne vont pas sur Internet….NON elles ne se regardent pas le sexe dans une
glace pour comparer avec leur voisine….. TOUT ce qui se raconte dans des
témoignages européanisés sur le net, ne correspond pas à la réalité du terrain
en Afrique et ailleurs.
Pas plus qu’elles n’ont
entendu parler de la reconstruction clitoridienne, qui d’ailleurs pourrait
devenir une excuse à la continuité de la pratique ? On fait plaisir à la
famille puisque c’est culturel : on se laisse exciser et ensuite on se
fait reconstruire ?
Vous comprenez un peu ma
colère ….ou mon indignation…. quand on avance cette solution comme la
panacée….NON le sujet n’est pas seulement d’obtenir une meilleure sexualité c’est bien
plus insidieux que cela et ne correspond pas à l’action qui doit être mis en
place.
C’est sur le terrain,
auprès de certaines personnes plus averties soit par l’instruction (école) soit
au niveau médical, qu’il faut apporter de l’aide, des conseils, de
l’information, la connaissance des études pratiquées. Ce n’est pas non plus
avec le bâton de police et l’espoir des délations….. cela ne fait aucunement
peur à ces familles qui pensent qu’il FAUT EXCISER…….
J’allais oublier le lien
à la religion, à l’Islam comme cela se raconte en Afrique de l’Ouest
principalement. Là non plus ce n’est pas du tout cela, croyez vous que les
Maasaï soient liés à l’Islam ? ou les Péruviens ? ou Colombiens ?
ne me rétorquez-pas que c’est suite aux migrations…..
C’est dans la culture qui
en effet n’est pas toujours parfaite ni respectable, mais je le dis et je
l’affirme, si j’étais née à INDUPA en Maasaïland il y a 68 ans qui sait si je
ne serais pas moi aussi excisée, ou infibulée…..
Le programme que Terres
de Couleurs a mis en place en 2012, en partenariat et sur les conseils de correspondants
Maasaï au Kenya, permet à des parents de se sentir plus forts et de pouvoir
faire face aux anciens de la famille qui eux n’imaginent toujours pas (pour la
plupart) le mariage avec une fille non excisée.
L’excision étant liée
chez eux au passage d’âge avant mariage, il fallait développer l’idée de rite
alternatif et dans le même temps sauver des jeunes filles en les scolarisant en
internat, jusqu’à la fin des études secondaires, où compte tenu de leur âge,
elles ne seront plus « mariables » dans les conditions de mariage
organisé, comme Nième femme d’un homme souvent 4 à 5 fois plus âgé qu’elles.
Nous comptons sur elles
et leurs familles pour transmettre la volonté de changement aux autres, cela
prendra encore du temps et même si l’une d’entre elles, en Décembre dernier, a
choisi après 3 années dans notre programme, d’être excisée…..pour être reconnue
par sa famille ….
Nous avons l’enthousiasme
pour croire en un avenir différent et moins violent pour les femmes de ces
pays.
Transmettons de
l’information
Ne jugeons surtout pas et
ne portons pas de mots comme « barbarie – cruauté ou sauvagerie » sur
des gens qui n’ont pas eu la chance de naître au bon endroit….
« L’éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde » Nelson Mandela
Le
14 Novembre 2017
Chronique pour Radio Balises
Maïtha
Lobjois de Terres de Couleurs
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