Je viens de terminer le livre de Madame Jehane SADATE : "Une Femme d’Égypte" écrit en 1987.
Si ce livre de 520 pages est une compilation forte intéressante des évènements de sa vie de 1944 (lors de ses 11 ans) à 1987 et plus particulièrement auprès de son mari Anouar El Sadate, j'ai relevé un déni grave qui m'a profondément choquée.
Accompagnant des Maasaï du Kenya dans le rejet de l'excision depuis 2010, je suis au fait des chiffres de prévalence dans le monde pour cette pratique mutilante.
Aussi en lisant ceci : page 74 où elle fait honneur à Houda Cha'arawi qui en 1923 enlève son voile
//en 1924 elle réussit à imposer au moins une de ses revendications : il ne faut plus possible de marier les filles à 12 ou 13 ans comme cela se faisait communément, l'âge fut fixé à 16 ans. Elle proclama aussi le droit des femmes à l'enseignement supérieur, dénonça la polygamie et les mariages arrangés, réclama l'abolition de la prostitution et l'excision des filles ; mais aucune de ces tentatives de réformes n'aboutit de son vivant//
...........sincérité cette fois ......
mais page 345 (relatant des faits vers 1975 concernant le planning familial)
//Avant la création des dispensaires de campagnes, c'était les "dayas" (sage femmes itinérantes) qui pratiquaient les accouchements mais aussi l'excision des petites filles //
et elle ajoute entre parenthèses (avant que cette coutume barbare fût supprimée)
Comment vivre dans le déni et l'écrire ? livre de 1987 - mémoires de 1977 -
Comment influencer en toute inconscience (ou conscience) le public, les lecteurs, avec des choses pareilles quant on a passé tant d'heures de sa vie à instaurer le planning familial et le droit des femmes ?
Souvent quand je donne les chiffres de la prévalence d'excision en Égypte le public est choqué et réagit cela peut se comprendre si d'autres écrivains ont écrit avec un tel déni !
Le sujet n'est abordé autrement dans aucune des 520 pages ......certains pourront penser à de la pudeur ? mais pas chez une femme aussi instruite (professeur en Université - conférencière)
J'ai rencontré beaucoup de femmes au Sénégal qui semblaient avoir oublié cette pratique, pourtant toujours en action (prévalence inférieure à 20 % - 14% chez les jeunes)
Si vous voulez en savoir plus voici une compilation d'informations sur le sujet excision en Égypte.
//
10
octobre 2022 Cour nationale du droit d'asile
Egypte : la
CNDA reconnait l’existence du groupe social des femmes et enfants
exposés à un risque de mutilation sexuelle.
La CNDA reconnaît pour la
première fois l’existence du groupe social des femmes et des
enfants exposés au risque d’excision en Égypte, où cette
pratique constitue une norme sociale. A ce titre, la Cour octroie la
protection conventionnelle à la requérante, une jeune fille
originaire de Tanta aujourd’hui âgée de quatorze ans.
Les
sources documentaires disponibles mettent en évidence la prévalence
très élevée de cette pratique sur l’ensemble du territoire
égyptien (taux de prévalence moyen : 87%), ainsi qu’un âge
moyen d’accomplissement de dix ans. La décision établit les
craintes personnelles de l’intéressée d’y être soumise, du
fait de tantes maternelles, sans que son père soit en mesure de s’y
opposer. Celui-ci, en effet, n’a plus de famille en Égypte et a
été reconnu réfugié par décision du même jour sur le fondement
des persécutions auxquelles il serait exposé dans ce pays en
raison de ses opinions politiques (CNDA 8 septembre 2022 Mme E.
n°21059269 C).
Unicef
tableau
2013
Excision Parlons
-en - Les chiffres de
l’excision
Le taux de prévalence de femmes
sexuellement mutilées en Égypte est :
La majorité des mutilations
sexuelles sont pratiquées par le personnel de santé (à 78%) sur
des jeunes filles entre
10 et 14 ans.
93% des MSF sont pratiquées dans
les milieux ruraux, et 77% dans les milieux urbains.
L’excision est extrêmement
répandue en Égypte,
sa médicalisation pose de réelles questions.
54% des femmes de 15 à 49 ans qui
ont entendu parler des mutilations sexuelles féminines pensent que
cette pratique devrait se poursuivre et 58% des hommes. Globalement,
la population n’est pas très favorable à l’abandon de la
pratique.
La prévalence de mutilations
sexuelles féminines est en baisse chez les jeunes filles, de même
que la volonté de voir cette pratique perdurer.
Législation : Décret 271 (en
2007)
Il interdit à toute personne la
réalisation d’une MSF.
Code Pénal de
2008 : Introduction et pénalisation des
MSF dans le code pénal, jusqu’à 2 ans de prison et 1000 dollars
d’amende.
Fatwa
Le grand Mufti Ali Gomaa produit
une fatwa condamnant les MSF, et le Conseil Suprême pour la
recherche islamique d’Al-Azhar condamne les MSF expliquant que cet
acte n’avait aucun fondement dans la Sharia.
Les personnes pouvant être
récipiendaires de la plainte sont :
La
police ou le Ministère public ;
Le sous comité pour la
protection de l’enfance, présent dans chaque district, une
succursale du Comité Général dont le siège est assuré par le
Gouverneur, mandaté pour faire appliquer la loi sur la protection
de l’enfance et pour recevoir toute plainte ayant trait aux droits
de l’enfant ;
La ligne téléphonique du NCCM
(National Council For Childhood and Motherhood) “Child Helpline
16000” est mandatée par la loi sur les droits de l’enfant pour
enquêter et faire le suivi des plaintes reçues.
En savoir plus : Female
genital mutilation country profiles – UNICEF DATA
CAIRE, Égypte
- Les mutilations génitales féminines, pourtant interdites en
Égypte depuis plus de dix ans, subsistent. Les campagnes
publiques qui mettent en évidence ses dangers, n'aident pas à
éliminer cette pratique. Au contraire, elles ont peut-être eu un
effet secondaire inattendu: basculer la procédure du domicile à
l'endroit même où le personnel est supposé « ne pas nuire » -
l'établissement de santé.
« Environ 75% des mutilations
génitales féminines pratiquées dans le pays sont effectuées
par des médecins », a déclaré le Dr Ayman Sadek, expert en la
matière.
Malgré les efforts déployés par
le gouvernement et les organisations de santé, la pratique des
mutilations génitales féminines demeure profondément
enracinée dans les communautés musulmanes et chrétiennes
d'Égypte. Selon les données
de 2015, environ 9 femmes égyptiennes sur 10 ont été
soumises à cette pratique.
Autrefois, les mutilations
génitales féminines étaient largement pratiqué par des
accoucheuses traditionnelles appelées « dayas », mais depuis
l'interdiction qui leur a été faite, les familles ont de plus en
plus recours à des professionnels de santé qualifiés.
Les mutilations génitales
féminines médicalisées sont nocives et contraires à l'éthique,
explique le Dr Gamal Serour. © UNFPA / R. Anis
La médicalisation
des mutilations génitales féminines inquiète les
spécialistes de la santé et des droits de l’homme, car elle donne
l’apparence de légitimité à une pratique qui n’a pas de
bénéfice médical, mais plutôt de graves conséquences, telles que
la possibilité d’hémorragie, de complications lors de
l’accouchement et même de mort.
Pourquoi une telle
pratique
Certains professionnels de la santé
pratiquent la mutilation génitale féminine pour éviter que les
familles y aient recours par d’autres moyens, moins sûrs.
« Ils disent qu’il n’y
aucun moyen de mettre fin à cette pratique. Qu’ ils acceptent de
pratiquer l’intervention, car le risque d'infection et de
saignement est réduit », a déclaré le Dr Wafaa Benjamin
Basta, gynécologue égyptien. « Ils mettent en avant le fait
que la médicalisation amoindrisse la douleur et ne cause pas de
traumatisme, notamment grâce à l’anesthésie. C’est une
approche réductrice des méfaits. »
Ce n'est pas une excuse, a déclaré
le Dr Gamal Serour, obstétricien / gynécologue et directeur du
Centre islamique international de l'Université Al Azhar. « Les
mutilations génitales féminines et médicalisées sont nocives et
contraires à l'éthique », a-t-il déclaré.
Et la médicalisation ne
garantit pas la réduction des méfaits.
En Égypte, la clitoridectomie
et l'excision sont les formes les plus courantes de mutilation
génitale féminine. Les deux impliquent le retrait de parties
importantes de l'anatomie féminine.
En outre, le Dr Sadek a déclaré:
« Lorsque les médecins étudient, ils n’apprennent pas à
pratiquer la mutilation génitale féminine. Ils se forment eux
même auprès des tradipraticiens. » Mais certains médecins ne
se donnent pas cette peine, et pratiquent l’intervention à
l’aveugle.
Le Dr Sadek a également noté une
autre motivation: certains pratiquent la mutilation génitale
féminine pour compléter leurs revenus.
« Lorsque vous pratiquez une chose
illégale, son prix augmente », a-t-il déclaré. « Je connais
un médecin qui pratique cette intervention sur de jeunes filles,
mais ne permettrait jamais que ses propres filles la subissent. »
Les communautés sont invitées
à rejeter les mutilations génitales féminines, et les filles sont
averties sur les méfaits de cette pratique. © Luca Zordan pour
l'UNFPA
Plus que des
dommages physiques
En se concentrant sur les dommages
physiques causés par la mutilation génitale féminine, les
conséquences psychologiques ont été largement négligées, ont
déclaré certains experts.
« Nous avons tendance à ne
parler que de l'impact médical de la mutilation génitale féminine,
alors que l'impact social et psychologique est tout aussi important,
sinon plus », a déclaré le Dr Basta à l'UNFPA. « Certains
patients me confient que cela a nui à leur capacité à avoir une
vie sexuelle épanouie. »
La pratique produit également - et
renforce - les inégalités de genre. Elle perpétue, par
exemple, l'idée que les corps des femmes sont inférieurs lorsqu'ils
sont intacts, et que leur sexualité doit être contrôlée.
Une enquête réalisée en
2014 auprès des ménages a montré que plus de la moitié des
personnes interrogées pensaient que les hommes préféraient les
femmes qui avaient été excisées, et plus de 40% d'entre elles ont
déclaré que cette pratique permettait de prévenir l'adultère.
Le soutien à la pratique reste
élevé, même si 60% des femmes interrogées ont indiqué qu’elle
pouvait entraîner des complications pouvant entraîner la
mort. Moins de la moitié des hommes étaient au courant de ces
complications.
Évolution des
mentalités
Mais il y a du progrès d’après
les experts. Les récentes augmentations des peines encourues
pour la pratique des mutilations génitales féminines ont contribué
à une diminution globale de l’acte, a déclaré le Dr Serour.
Et les mentalités changent
lentement, en particulier dans les communautés riches et urbaines.
« Il y a dix ans, la plupart de
mes patients en avaient été victimes », a déclaré le Dr Basta,
notant que parmi sa propre clientèle, « environ 10% seulement
de mes patients du secteur privé - en particulier des femmes de
moins de 30 ans - en étaient atteintes. »
L’UNFPA a collaboré avec le
département qui délivre les licences pour les cliniques privées,
afin de décourager cette pratique. De plus, un programme de
médecine sur les méfaits de la pratique, soutenu par l’UNFPA, a
été approuvé mais n'a pas encore été diffusé dans les
universités.
Dans le cadre du programme
conjoint UNFPA-UNICEF pour l'élimination des mutilations génitales
féminines, les communautés sont également informées des
dommages causés par cette pratique et encouragées à l'abandonner.
Néanmoins, de nombreuses personnes
restent convaincues que la mutilation génitale féminine médicalisée
est acceptable.
« Les mutilations génitales
féminines médicalisées sont un cadeau empoisonné », a déclaré
le Dr Sadek.
Banque
mondiale
Nom du
pays République arabe d'Egypte
Année
la Plus Récente 2015 : Valeur
la Plus Récente 87,2 %
https://www.allodocteurs.africa/excision-en-egypte-une-seule-clinique-pour-28-millions-de-femmes-mutilees-8151.html
Maïtha LOBJOIS : Recherches
du 25 juillet 2023
après
la lecture du livre (écrit en 1987)
Une
femme d'Egypte de Jehane
SADATE
Choquée
par le déni de cette femme pourtant intelligente , épouse du
Président Anouar EL SADATE - Paix à son âme DCD en 2021 -
Désolée pour les personnes que je vais déranger, mais je ne pouvais pas passer cela sous silence - tabou est une chose - la loi du silence en est une autre.